Corrispondenza
Camille Bellaigue a Giuseppe Verdi, 27/05/1894
Data
- Data
- Parigi, 27 maggio 1894
Luogo di destinazione
- Luogo di destinazione
- Milano
Tipologia
- Lettera
Descrizione fisica
- Un bifolio, quattro facciate scritte, con busta affrancata. La riga finale da «qu'en trois» scritta lungo il margine interno. Prima pagina con intestazione a stampa «28, RUE BARBET DE JOUY». Indirizzo corretto con indicazione all'Hotel Milan di Milano.
Ubicazione presso il soggetto conservatore
- Ubicazione
- I-BSAv
Indirizzo (busta)
- Italie / All'Illmo G. Verdi /
Sant'Agata/Busseto/ Hotel Milano / Milano
Timbri postali
- PARIS 20 105 B°STGERMAIN / [...] / [...]
BORGO S. DONNINO / 3 / 5 / 94
BUSSETO / 03 / MAG / 94
Trascrizione
27 Mai 1894
Cher et grand Maître
C'est dimanche; il pleut, il vente, il fait noir et triste au dehors, mais au dedans rose et gai, parceque nous jouons Falstaff dans le studio que vous connaissez.
Nous sommes retournés tous deux l'entendre avant-hier pour la cinquième fois, votre adorable chef d'œuvre, et jamais nous n'en avons tant joui. Nous étions au coin du balcon d'où nous entendions divinement votre divine musique. Je crois que nous ne connaissions pas encore Falstaff, et nous l'avons découvert. Oh! l'exquise, la ravissante, l'enivrante découverte! Tout le mois de mai, qui n'est pas dans le printemps maussade de cette année, est dans votre partition, dans l'orchestre, dans les voix, dans les fleurs de vos mélodies, de vos harmonies et de vos timbres. Je voudrais écrire encore sur Falstaff, et des pages, et des pages ... ou plutôt non, je ne veux plus rien écrire; je me repens même d'avoir écrit. Il faut devant le Beau adorer et se taire. En parler est presque un sacrilège; l'amour vrai ne parle pas. Et pourtant! Eh! bien non, je n'en parlerai plus; mais je le jouerai et le rejouerai sans cesse; et d'ici peu de jours, j'irai, nous irons encore le réentendre. Et plus que jamais Maurel me sera odieux. Il a massacré l'autre jour la 2e reprise du Quando ero paggio. Je lui aurais lancé volontiers ma lorgnette au visage. À la troisième reprise j'ai appelé sur lui l'apoplexie vengeresse, mais elle n'est pas venue. Et le misérable a continué son œuvre maudite. Je pense que la prochaine fois il chantera en se tenant sur les mains; l'an prochain il chantera à cheval, en crevant des cerceaux de papier. Sans compter que tout le monologue a été passé l'autre jour; plus de méditation funébre sur le "monde abject", plus de "trille"; plus rien; mais la toile à peine levée entre Quicly avec Revérence. Cela est triste et l'effet de cette entrée en est du coup annihilé. Avez-vous permis cette fâcheuse coupure?
Adieu, j'avais besoin de vous crier encore notre enthousiasme, notre reconnaissance et notre affection. Soyez béni pour les joies que vous nous donnez et pour le bien que vous nous avez fait pendant votre séjour, avec votre génie et avec votre âme
Camille Bellaigue.
Je pense que vous êtes aux champs, au calme, et que votre ciel est tiède et bleu. Tous nos plus affectueux respects à M.me Verdi. A-t-elle tout mis au poivre? y compris le fameux manteau et les pantoufles? – Donnez-moi de vos nouvelles, ne fût-ce
qu'en trois lignes. Finito il Palestrina si incomincia il Marcello.
Note
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Posseduto Insv
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detail.media





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