Corrispondenza
Camille Bellaigue a Giuseppe Verdi, 29/03/1887
Data
- Data
- Parigi, 29 marzo 1887
Tipologia
- Lettera
Descrizione fisica
- Un bifolio, due facciate e mezza scritte.
Ubicazione presso il soggetto conservatore
- Ubicazione
- I-BSAv
Trascrizione
Cher et grand Maître
Votre lettre m'a couvert de confusion. Mais je disais bien à Madame Verdi que vous ne compreniez pas toutes les beautés d'Otello!!!! Vous prétendez que je le vois trop couleur d'or! Pas du tout, c'est vous qui ne le voyez pas assez de cette couleur. Vous êtes d'une modestie invraisemblable, et si je vous disais tous ce que je pense de vous, je serais grondé.
Je commence à savoir Otello par cœur. Je le joue partout où je vais, et d'ici trois semaines ou un mois, j'en ferai exécuter à la maison de grands fragments. La Krauss sera Desdemona, les deux Reszké Otello et Jago; nous aurons aussi un bon petit Cassio, et j'espère que tout marchera bien, y compris le pianiste, que vous connaissez, et qui tâchera de faire de son mieux. On nous a rendu votre Aida. La Krauss y est admirable, quant à Reszké il a chanté Radamès de la façon la plus remarquable, avec toute la tendresse et tout l'éclat désirable, les deux artistes ont été hors ligne dans le duo du troisième acte, et dans celui du quatrième. Les mouvements m'ont paru constamment trop pressés par l'orchestre. Je m'en plains d'ailleurs dans mon article de la Revue qui paraîtra vendredi 1er Avril. Surtout ne vous donnez pas la peine de m'en remercier.
Aida n'a pas vieilli d'une année, et tout le monde a été ressaisi par cette admirable partition. Décidément on ne devrait faire que de très belle musique; l'autre est inutile, et ennuyeuse.
Jamais votre orchestration ne m'a fait plus de plaisir, qu'à cette reprise d'Aida. Vous avez une manière étonnante d'employer i legni; surtout les flûtes dans le grave sont admirables, et les hautbois au 3ème acte, avant le duo avec Radamès, et tout enfin. Je ne veux pas commencer l'éloge de votre œuvre, je n'en finirais pas. Mais Otello est encore plus beau.
Adieu, cher et grand maître, je voulais vous dire seulemente le succès de la reprise, et le plaisir personnel que j'en avais éprouvé. Merci encore de votre lettre, merci de votre bienveillance, et de vos œuvres. Je n'espère pas vous voir à Venise en mai; plus tard, cet été, pendant que je serai au bord du lac de Côme, j'irai, si vous le permettez, vous saluer à Sant'Agata.
Veuillez présenter mes hommages à Madame Verdi, et me croire votre profondément dévoué
Camille Bellaigue.
Quand vous verrez Boito, reprochez lui de ne pas m'écrire, et de ne pas m'envoyer, comme il me l'avait promis, son portrait à lui, et aussi un autre portrait! Il saura bien ce que je veux dire, et vous le dira.
Note
- –
Posseduto Insv
–
detail.media


Camille Bellaigue a Giuseppe Verdi, 29/03/1887
1 / 2